Un mois que les camps s'étaient rencontrés lors de la quête organisée par Sa Royale Majesté des Cieux extrêmement modeste. Un mois que shade pouvait parler librement de l'un à l'autre et vice versa. Si certain se méfiaient à cause du double-jeu qu'elle avait joué allégrement pendant des années, la jeune femme ne s'en souciait que très peu. Après tout, les gens pensent ce qu'ils veulent. Et depuis un mois, elle ne voyageait plus. Enfin presque plus. Bien sûr, elle faisait des tours deci, delà, sans quoi le grand air et la liberté lui manquaient. Mais les camps étaient en ébullition et, en bonne curieuse, elle se devait d'observer un peu les évènements, voire y participer. En plus, la planète elle-même fichait le camp, il suffisait d'allumer n'importe quel poste de télévision dans un fouer du monde au hasard pour s'apercevoir de l'ampleur des catastrophes naturelles qui dévastaient le monde. Justement pas naturels, de l'avis de tous les demi-dieux. Mais qu'y pouvaient-ils donc? Si la non-teneur en naturel des événements n'était même plus à remettre en question, la cause, elle, devenait brumeuse (très ironique de la part d'une fille qui manipule la Brume, oui). Shade espérait ardemment tirer les choses au clair, tout en se demandant ce qu'elle était exactement en train de faire.

Onze ans, vingt ans. Neuf longues années qu'elle avait passé à l'écart des camps, sans jamais se mêler de façon importante aux affaires de l'un ou de l'autre. Une fille en vadrouille, une voyageuse qui n'avait jamais jeté l'ancre pour longtemps. Lorsqu'elle croisait de loin des demi-dieux en quête, le plus souvent, elle les évitait purement et simplement. Enfin, à part le cas particulier de l'arc d'Ulysse...mais ça...c'était un détail, et elle n'était même pas sûre que la moitié des pensionnaires qui avaient assisté à cette scène s'en souviennent. Bref, voilà, vous voyez le topo... Et maintenant, apparemment...elle s'impliquait. Tentait du moins. La guerre couve, la guerre gronde, et lorsqu'elle éclatera, une fille des Trois Grands ne sera pas de trop pour essayer d'endiguer ce flot. Mais pour l'instant, elle préférait se considérer comme neutre. Plus simple, avec pas d'obligations particulières envers grecs ou romains, juste liés à eux par les sentiments. Fils qu'elle avait pris garde de ne pas tisser trop fort, pour encore les couper au couteau au besoin.

À force de marcher seule, la jeune femme se retrouva sur les rives du petit Tibre, non loin de l'entrée du camp, gardée 24/7. Les sentinelles ne l'interpellèrent pas. Après tout, elles avaient déjà vu au moins une fois Shade. L'émissaire de Pluton, elle fait peur et au premier abord, comme ça, elle est pas bien bavarde non plus. Et a tendance à avoir un sourire légèrement sadique (légèrement (si si, je vous jure)) dans certaines situations. Mais ça...bon, ça faisait neuf ans aussi, et les petits nouveaux du camp apprennaient bien vite sa réputation pas toujours brillante. Bref, voilà le topo. Ce qu'elle aimait bien dans ce lieu en particulier? Petit un, son nom. Elle aimerait bien visiter Rome, la vraie ville en Italie, si ce n'était pas aussi risqué pour un demi-dieu de s'aventurer seul dans le bassin méditerranéen. Petit deux, aucune statue de Terminus ici. Elle n'avait rien contre le dieu gardien en particulier, hein. Il avait juste tendance à...l'interpeller assez souvent, à cause des poignards dont elle refusait de se séparer, de son style vestimentaire débraillé quand elle n'y prenait pas garde, de pleins de détails dont il était apparemment le seul à se soucier. Elle retint un soupir. D'accord, c'était son boulot. Mais il pourrait y mettre un peu moins de zèle. Après quelques minutes de contemplation au bord du petit fleuve, elle retourna vers la Nouvelle-Rome, sans toutefois entrer dans la ville tout de suite.

Du coin de l'œil, elle vit une silhouette familière s'approcher et recula. Les ombres la happèrent et la dissimulèrent. Aurora, fille d'Arès. Une bonne amie de la Colonie. Elle devait faire partie d'une délégation grecque envoyée au camp Jupiter, probablement. Ouais, ça devait être ça. Quoi d'autre? Un sourire amusé étira ses lèvres. On allait jouer un peu, n'est-ce pas? Faisant glisser sa première dague, Anima, entre ses doigts, elle se faufila derrière Aurora en vol d'Ombres, invisible, et appuya la lame glacée sur son cou environ deux secondes avant rpde relâcher et s'écarter avec des yeux brillants de malice. Avant que la fille d'Arès n'ait pu répliquer quoi que ce soit, Shade la poussa dans les limites de la Nouvelle-Rome, déclenchant les cris de Terminus à cause des armes que les deux filles portaient, à sa grande hilarité.

Aurora & Shade
Hey now you know it's like lightening ♫

Ce matin-là, je me réveillais courbaturée et fatiguée. Nous étions au camp Jupiter, chez les romains afin de dialoguer avec eux des évènements étranges qui se passaient partout ailleurs et de faire leurs connaissance de façon pacifique, quelle barbe si vous voulez mon avis. Personnellement, je me fichais éperdument de savoir si c’était naturel ou non car je savais en mon fort intérieur la guerre se préparait et au moment où elle éclaterait au grand jour, je savais tout aussi bien que je serais prête et que je mènerais mon bungalow efficacement au combat. J’étais une fille d’Arès, j’étais prédestinée à devenir une héroïne de guerre, c’était dans mes gênes et depuis que j’étais arrivé à la colonie il n’y avait plus rien d’autre qui comptait à mes yeux, enfin si il y avait Cécil mais depuis quelques temps nous nous éloignions, pour notre bien à tous les deux et puis je m’étais mise à partir en quête dès que je le pouvais donc… c’était difficilement conciliable avec une romance secrète. Enfin soit, ce matin-là j’étais donc d’humeur morose et particulièrement agressive, bien que les romains soient moins belliqueux que je ne le pensais, je me méfiais d’eux après tout l’histoire parlait d’elle-même. Après avoir fait un brin de toilette, j’enfilais un short noir assez ample et fluide dans lequel j’étais à l’aise, suffisamment pour pouvoir me battre si nécessaire. Je l’associais à un top plus près du corps sombre et limite transparent qui recouvrait le short ainsi que d’un petit caraco rouge sang et en fin une paire de dr Martens. Je remontais cheveux vert jaune en une queue de cheval, laissant apparaitre les côtés rasés de part et d’autres de mon visage. Je sanglais mes deux  fourreaux à dague sur mes cuisses et je fus prête pour aller arpenter les rues de la Nouvelle Rome.

Je traversais le camp de Jupiter sans que personne ne me dérange ou ne m’apostrophe pour en savoir plus sur les demi-dieux grecs. Cela m’arrangeait bien car je m’étais proposé dans cette quête, mission, que pour protéger mes confrères de colonie au cas où il y aurait eu du grabuge. Cela m’avait paru être une bonne idée puisque je faisais partie des meilleurs escrimeur, bon ok côté bouquin et tout ça j’étais plutôt dans le bas du classement mais je m’en fichais. De temps à autre je m’arrêtais devant deux romains en train de s’entrainer au glaive. Ils avaient des techniques plutôt différentes de ce que je connaissais et plus je les observais plus je me disais qu’ils étaient très, trop, direct à mon goût. J’esquissais un sourire imperceptible et continuais ma route vers l’entrée du camp. Sauf que je me perdis plus tôt que prévu et j’atterris à la nouvelle Rome. Une ville dans un camp, voilà quelque chose que me faisait m’interroger. Les gens avaient l’air serein, calme, loin des tracas du champ de bataille et de l’idée qu’une guerre se tramait dehors. Ils y avaient des demi-dieux de tout âge, des jeunes, des bambins, des vieux, des en pleine fleur de l’âge, voilà qui en avait de la chance mais à choisir je préférais ma vie. J’étais tellement absorbée dans ma contemplation de la ville protégée que je ne sentis pas le corps de la jeune femme se glisser dans mon dos, ce n’est que lorsque la froideur de sa lame contre ma carotide mordit ma peau que mon cerveau se mit en alerte rouge. Ma main glissa en une fraction de seconde sur ma cuisse et dégaina la lame acérée d’une de mes dagues. Je m’apprêtais à faire honneur à mon père lorsqu’elle se plaça devant moi : Shade. Mon corps entier se détendit d’un coup. Je l’aimais bien cette fille, elle avait su me plaire dès l’instant où on avait commencé à croiser le fer et ses yeux pleins de malice semblaient me crier qu’elle voulait simplement s’amuser. Je lui souris pleinement même si mon regard bleuté resta aussi dur que de l’acier.

-Tu cherche à te faire tuer décidément. Je suis contente de te voir , que fais-tu ici ?

Trêve de bavardage, Terminus commençait à gronder car nous étions armées. Cela la faisait visiblement rire mais je ne tenais pas particulièrement à me faire une énième fois, pour ne pas dire encore et toujours, réprimander par Chiron, Gabriel ou pire, Dyonisos, parce que je n’aurais pas su me tenir à carreau. J’interrogeais la brunette sur la marche à suivre.

-Je suis sensée faire quoi quand il gueule lui ? Je suis pas encore habituée à tous les us et coutumes d’ici, tu m’connais la diplomatie et moi on fait mille !

Je rengainais la dague qui était encore dans ma main et attendis de savoir quoi faire. Je détestais ça mais bon , j’avais promis à Gabriel que je me tiendrais correctement pour une fois, après tout une fois n’est pas coutume.

BY .TITANIUMWAY

Shade laissa échapper un éclat de rire. Énerver Terminus était un des passe-temps qu'elle avait affectionné, en tant que gamine de la Nouvelle-Rome lors de ses passages. Les bonnes vieilles habitudes reviennent, même si à présent, elle avait vingts ans et le dieu des frontières la considérait à moitié comme une traîtresse qui connaissait l'existence des Graecus sans en avoir dit un mot à n'importe quel préteur élu au fil des ans, de l'autre comme une gamine turbulente qui se fichait des règles établies comme de sa première discussion avec un spectre quelconque. Quoique, pour sa défense, son père lui avait expressément demandé de ne rien dire à un camp ou l'autre de l'existence de leur opposé, pour sa propre vie. Les dieux n'étaient pas connus pour leur clémence envers ceux de leurs enfants qui enfreignaient les lois, particulièrement une aussi vicieuse que celle-ci. Pluton avait dû plaider la cause de sa fille devant le conseil des Olympiens... À cette pensée, elle se troubla. Son père, prendre soin d'elle autrement qu'en lui indiquant les deux adresses qui avaient permis sa survie? Elle voyait mal cette scène, pourtant elle était probablement arrivée un jour. Même si elle ne le savait pas. ...Ouais, nan, c'était trop étrange pour être pensé. Ça ne l'aurait pas été sur une fille normale, non. Mais quand votre paternel est le dieu des Enfers, on apprend à penser à papa assez prudemment. On sait jamais, avec les dieux, s'ils sont à l'autre bout du fil ou pas...alors valait mieux éviter de dire n'importe quoi à tort et à travers.

Ses yeux brillèrent en avisant la dague qu'Aurora tenait. Ouais, elle avait de supers bons réflexes. Comme tous les demi-dieux certes, mais ceux-ci encore accentués par son ascendance de fille d'Arès. Parfois, elle en était jalouse. Mais quitte à avoir un père, entre le dieu de la Guerre et de la destruction, dont elle avait entendu parler comme assez...violent si l'on peut dire, et celui des Enfers, honnêtement elle voulait bien rester comme elle était. Tout le monde la trouvait trop espiègle pour une fille des morts. C'est sûr qu'à côté de Declan, leur duo faisait figure de Jean-qui-pleure et Jean-qui-rit, mais autrement, elle n'était pas si joyeuse que ça! Enfin, pas tout le temps, quoi! Elle avait appris à lire les regards au fil de ses années de vagabondage sur les terres américaines. Et Aurora était toujours sur ses gardes. Elle étouffa un soupir. Pouvait-on en attendre moins de deux camps à l'origine prévus pour être ennemis? Déjà qu'elle était regardée de travers par certains dans les deux pour avoir joué son double-jeu au vu et au su de tous pendant neuf ans...si même les émissaires échangés intercamps se méfiaient tout le temps, on était mal barrés. De plus, elle n'était pas bonne oratrice, ambassadrice ou même diplomate. Sa diplomatie était celle des lames d'abord et mots après. Actrice et menteuse oui, mais pas diplomate. Pas le moins du monde.

La brune prit un air faussement offusqué lorsque son amie lui dit qu'elle cherchait à mourir, sur le ton de la plaisanterie. Bien sûr que non. Ce n'était pas parce qu'elle avait plus de chances d'être pistonnée que les autres, à cause de (ou grâce) à son père qu'elle recherchait les occasions de mourir! D'accord, elle était téméraire et jamais fichue d'attendre et ça lui avait parfois coûté de sales amochements. Mais c'est un détail! Lorsqu'un monstre l'amochait un peu trop, soit elle était trop loin pour voler par ombres et se réfugier dans un camp et elle se tapissait dans l'ombre, afin de guérir plus vite en mangeant de l'ambroisie par minuscules doses, soit elle en avait la force et retrouvait presque joyeusement un refuge qui lui manquait. Mais juste un peu. Elle pouvait survivre sans, évidemment, au contraire de pas mal des pensionnaires de l'un et l'autre. Tout simplement, Shade n'aimait pas dépendre de quelque chose ou quelqu'un. Et surtout, elle ne voulait pas souffrir par amour.

Elle se tourna vers la statue du dieu et esquissa une fausse révérence, tout en lançant à Aurora sur un ton très docte et professionnel:

"Aurora Morgan, tu sauras dès maintenant que quand Terminus se met à gueuler, on dépose toutes ses armes pour pas se faire carboniser une manche. "

Elle ponctua ces mots en faisant d'abord glisser de ses poignets ses deux dagues de fer, puis détacha le fourreau de son épée de sa ceinture, remettant tout son paquetage à un des enfants qui "assistait" le dieu, si l'on pouvait dire. Lorsqu'Aurora eût fait de même, la jeune femme adressa un clin d'œil moqueur à la statue et entraîna son amie dans la Nouvelle-Rome elle-même.

"Tu t'habitues à la ville? Pas trop différent?"

Aurora & Shade
Hey now you know it's like lightening ♫

« -Aurora Morgan, tu sauras dès maintenant que quand Terminus se met à gueuler, on dépose toutes ses armes pour pas se faire carboniser une manche. »

J’arquais un sourcil à la révélation qu’elle venait de me faire. Il était absolument hors de question que je me sépare de mes dagues, du moins, pour moi. Je me méfiais encore et toujours, c’était comme ça, c’était ma nature de demi-dieux grec. Je posais mon regard sur Terminus qui semblait de plus en plus s’offusquer de mon manque flagrant de coopération. Pour la première fois depuis un bon moment, j’allais abdiquer devant quelqu’un. Bon ok, ce n’était pas de gaité de cœur mais j’allais le faire, pour elle, pas pour lui. Je dé-sanglais mes cuissardes et les déposais dans les mains maladroites d’un des pages du dieu protecteur. Je n’aimais pas du tout laisser mes armes dans les mains d’un enfant de ce type, après tout ils n’avaient aucunement l’air de s’entrainer avec les autres demi-dieux romains. Je grognais vaguement et lançais un regard plein d’arrogance, de colère et d’orgueil à Terminus. Puis Shade me happa l’avant-bras et m’entraina dans cette ville qui me dérangeait tant de par la tranquillité de ses habitants.

« -Tu t'habitues à la ville? Pas trop différent?
-Je dois dire que je suis un peu dérangée par cet endroit, une ville dans un camp d’apprentissage à la défense et au combat. C’est assez spécial. Et puis, ils semblent tellement des tracas de la guerre. On le sait tous, on le sent tous, elle est proche et nous essayons tous de nous préparer au mieux et eux semblent tellement indifférent à ça. Ça me … choc ! »

Ma voix s’était empreinte d’une certaine douceur qui n’était que velours, comme si inconsciemment cela allait m’aider à ne pas hérisser le poil de la jeune femme qui m’accompagnait. Les romains avaient leur vision des faits et les grecs la leur. Personnellement, je ne pouvais tout simplement pas faire comme si de rien n’était alors que mon père était le dieu de la guerre, du courroux et de la destruction. Il était ce que les ouragans sont au grand ciel bleu d’été ou ce qu’était la neige et le froid de l’hiver à la chaleur torride de l’été. Il était l’antagoniste pur et simple des autres dieux qui tentaient souvent d’éviter le combat, non, lui il le faisait naitre, le nourrissait et se repaissait de la douleur, de la colère qui en émanait. Mon père était un sadique pure et simplement. Et malheureusement, j’avais hérité de ce côté-là moi aussi. Mes pouvoirs en étaient les plus flagrants exemples. J’avais hérité de nombreux côté de ma mère aussi mais je ne les montrais jamais, seul Cécil avait eu droit à quelques bribes et Gabriel tentait vainement de m’apprendre à les montrer plus souvent. Échec cuisant quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf pourcent du temps. Sans m’en rendre compte je m’étais allé dans les méandres volcaniques de mon esprit et la colère latente contre le monde entier commença à ressurgir dans mes veines. Je savais que si je ne contrôlais pas ce flux impétueux qui commençait à faire vibrer chacune des fibres de mon corps j’allais déclencher un séisme de colère dans le cœur des gens prêt de moi et ceux-ci, ne comprenant pas ce qui leur arrivait, se jetteraient les uns sur les autres, tentant par tous les moyens d’arracher la vie de son prochain. Je sentais l’énergie dévastatrice de mon pouvoir commencer à grandir en moi et je sus, je sus qu’il fallait que je ferme mon esprit. Je serais les points automatiquement et fermais les yeux quelques instants, ne faisant plus attention à rien autour de moi. Lorsque la tempête en moi se fut calmée, je rouvris les yeux et je vis de pair d’yeux bruns me fixer avec un drôle de regard. Ces deux enfants avaient dû être touchés mais j’espérais que ce ne serait pas le cas. Il m’arrivait de ne pas me contrôler et pour des raisons qui m’échappaient la plupart du temps. Je me tournais vers la brunette qui semblait toujours joviale.

-Dit moi que personne ne s’est mis en colère ou n’a montré des signes avant-coureurs de rage, s’il te plait ?

Ce don-là était celui qui m’effrayait le plus tant il pouvait être incontrôlable. Il pouvait déclencher des émeutes, pousser quelqu’un au meurtre ou à la violence gratuite. C’était le fléau dont j’avais hérité et dont j’étais la seule manipulatrice. Sur le champ de bataille je ne doutais aucunement à ce qu’il me soit très utile mais dans la vie de tous les jours, il devenait parfois handicapant. J’étais tellement passionnée et viscérale qu’il se déclenchait tout seul sans que je ne le souhaite, entrainant souvent des dégâts dont je payais les conséquences. Je posais mon regard bleu sur les deux enfants qui partirent en courant à moitié effrayés. Voilà qui allait me faire une meilleure réputation dans le camp romain, déjà qu’on me regardait de travers depuis mon arriver.

-Et toi ? Ca ne te fait pas bizarre d’être à découvert maintenant ? De ne plus avoir ton petit secret, fille d’Hadès?

Je la regardais du coin de l’œil et continuant d’ériger des barrières mentales afin de me contrôler et de contrôler mes dons, je continuais notre marche dans la nouvelle Rome.

BY .TITANIUMWAY

Shade se fit la réflexion que les enfants du dieu de la Guerre transportaient beaucoup d'armes sur eux. Mais du genre, VRAIMENT beaucoup. Rooh, et elle, elle avait quoi? Bon d'accord...deux dagues et une épée...détails...mais pas de protection, de cuirasse ou quoi que ce soit par contre! Pour une fille qui aimait à user de sa vitesse pour gagner, ainsi que de la discrétion et l'effet de surprise, se battre avec une armure intégrale sur le dos, c'était l'enfer. Et en plus, ça représentait un poids supplémentaire dont elle se passait volontiers lorsqu'elle voulait faire un vol d'ombres. Et ne comprenait pas pourquoi les romains s'encombraient de cuirasses, jambières, coudières, protège-poignets et casques H24. Bon, d'accord, eux n'avaient pas la faculté particulièrement utile de pouvoir s'évaporer dans les ombres dès qu'il y en avait et qu'elle était assez forte pour le faire. En dernier recours, il y avait bien la Brume mais...celle-ci nécessitait de la réflexion. Et pour une fille impatiente, ce n'était pas tellement le point fort, vous voyez le genre? Oui, elle y arrivait quand elle voulait. Mais vraiment lorsqu'elle voulait et que l'autre, d'une certaine manière, voulait aussi quoi. Je vais pas vous faire un tableau, c'est compliqué d'expliquer la Brume, naméoh! Aurora n'avait pas l'air enchantée de laisser ses armes à un dieu (ou plutôt une statue divine) et des gamins. Elle la comprenait. Ça tapait sur le système au début, mais par la suite (et par égards piur ses tympans) on s'y faisait. Pas trop le choix en même temps...c'est ça ou finir avec tellement de brûlures partout qu'on aurait dit qu'on avait sauté dans le feu de joie le soir de la fête de Fortuna.

L'indifférence romaine...non, pas à son avis. Disons plutôt que l'éducation que les demi-dieux recevaient au Camp Jupiter était drôlement différente de celle de la Colonie. Ayant jonglé entre les deux pendant des années, elle avait eu tout le loisir de comparer. Rome n'avait pas bâti son empire sur la conquête pour rien, Mars Ultor et Bellone n'étaient pas dans les principaux dieux vénérés pour des prunes. Tout le monde était mis en programme d'entraînement intensif pour une guerre dès l'enfance. La stratégie guerrière, l'organisation, tout ça, Rome connaissait bien. Sans parler des legs, qui connaissaient ça dès le berceau. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'ils aimaient la guerre. Personne n'aime la guerre...sauf des tarés, quoi. Elle avait beau côtoyer la mort au quotidien (et même avoir un lien de parenté avec, youpi), ça n'impliquait pas de rendre son spectacle agréable. Mais rien à dire, la légion était une véritable machine de guerre préparée. Ils avaient beau se battre de manière un peu trop...polie à son goût (pour ne pas dire des vulgarités, merci), ils savaient comment.

"Tu sais, ici les gens sont préparés depuis l'enfance à mener une guerre! Ils sont formés pour ça, et les jeux de guerre, c'est vraiment du sérieux, genre l'assaut d'une forteresse...c'est pas trop comme Capture-l'Étendard quoi! Donc logiquement l'idée de bataille est déjà bien là...ils le sentent aussi, mais ils sont plus confiants parce qu'ils pensent pouvoir gérer la situation avec organisation. "

Ça devenait limite compliqué de décrire l'état d'esprit des romains. Étant donné que là, une partie des deux camps lui fasait la gueule parce qu'elle avait caché son jeu un peu trop longtemps à leur goût, mais elle ne s'en occupait que très peu. D'autres choses plus importantes à penser, voyons!


Elle laissa courir son regard sur les gens qui circulaient sur le forum. Leur principal sujet de conversation? Les grecs et la guerre, bien entendu. La jeune femme reporta son attention sur Aurora. Oulà...elle brûlait. Enfin, pas littéralement (encore heureux). Mais elle avait toujours cette aura incendiaire. Point positif, les habitants de la Nouvelle-Rome ne semblaient pas encore trop affectés, sauf les deux gamins qui s'étaient barrés en courant. Mais bon, peut-être que sa présence à elle n'aidait pas trop non plus. Quand bien même elle riait et plaisantait, elle avait cette aura caractéristique des enfants de la Mort. Une aura qui fait peur. Pour repousser les monstres, c'est utile. L'ennui, c'est que ça repousse pas mal de gens aussi.

"T'inquiètes! De toute façon, avec moi dans les parages, c'est normal qu'ils se barrent..."

Ce n'était une plaisanterie qu'à moitié, mais bon. Les enfants de Pluton ou d'Hadès ont aussi mauvaise réputation que les enfants de Neptune pour les romains, c'est dire. Mais elle s'en fichait. Ils pensent ce qu'ils veulent, et puis basta. Shade eut un sourire désabusé. Sa couverture? Ouais, la couverture qu'elle avait maintenue pour pas se faire carboniser par les dieux. Papa avait dû s'en prendre plein la tronche par le conseil des Olympiens, en indiquant à sa fille l'existence d'un camp qu'elle n'aurait jamais dû connaïtre. Mais elle avait toujours ses secrets, quels qu'il soit, et n'était pas disposée à cracher le morceau tout de suite. L'un d'eux constituait l'exploration qu'elle tentait du Labyrinthe, par exemple. Outre le passage intercamps, ni grecs ni romains ne s'y étaient bien aventurés.

"Fille de Pluton, s'il-te-plaît. J'ai mon petit côté romain, même s'il me plaît pas toujours. Et puis, j'ai pas choisi de garder le silence. Je crois que les dieux m'auraient carbonisés sur place si j'avais mentionné le camp d'en face avant que Junon en décide autrement. Mais l'avantage de tour ça, c'est que j'ai plus à me forcer à convertir mon latin en grec ancien, ou de bouger tout le temps! "

Elle passa sous silence Sarah et Jayson, qui étaient aussi au courant depuis quatre ans. Elle avait juré de ne rien dire à leur sujet, et tenait parole. Et oui...elle bougeait moins. Depuis un mois, elle ne voyageait presque plus, alternant entre grecs et romains, même si elle s'éclipsait parfois un jour ou deux pour parcourir quelques tunnels du Labyrinthe en priant constamment pour ne pas se paumer en route. Ce serait bête de mourir comme ça.

Aurora & Shade
Hey now you know it's like lightening ♫

« -- Tu sais, ici les gens sont préparés depuis l'enfance à mener une guerre! Ils sont formés pour ça, et les jeux de guerre, c'est vraiment du sérieux, genre l'assaut d'une forteresse...c'est pas trop comme Capture-l'Étendard quoi! Donc logiquement l'idée de bataille est déjà bien là...ils le sentent aussi, mais ils sont plus confiants parce qu'ils pensent pouvoir gérer la situation avec organisation. »

Je l’écoutais attentivement, la façon dont elle me présentait leur plan d’attaque était logique pour un ou une romaine mais à mes yeux elle me semblait déraisonnable dans le sens où l’organisation ne prévenait pas des différents aléas de la vie et qu’une guerre était quelque chose de tout sauf quelque chose de prévisible dans les moindres détails. Nombreux ont été les grands conquérant qui ont gagné terre et renom grâce à leur stratégie basée sur l’effet de surprise. Mais le contre-exemple des 300  pouvait donner raison à leur théorie qui me semblait douteuse. La pression redescendait tranquillement et je fus surprise de ce qu’elle me dit par-là suite :

- T’inquiète! De toute façon, avec moi dans les parages, c'est normal qu'ils se barrent... Fille de Pluton, s'il-te-plaît. J'ai mon petit côté romain, même s’il ne me plaît pas toujours. Et puis, j'ai pas choisi de garder le silence. Je crois que les dieux m'auraient carbonisés sur place si j'avais mentionné le camp d'en face avant que Junon en décide autrement. Mais l'avantage de tour ça, c'est que j'ai plus à me forcer à convertir mon latin en grec ancien, ou de bouger tout le temps!
- Je ne vois pas bien pourquoi ils te fuiraient ces gosses là … Ok t’es une fille de Pluton, chez nous c’est Hadès,  et ok t’es un peu spéciale. Tu m’diras, comme tous les gosses issus du lui hein mais imagine, tu te sens devenir tout à coup enragé et tu ne comprends pas pourquoi ? Y a de quoi flipper un max aussi non ?! Etre fille d’Arès ou Mars a des avantages mais tout un tas d’inconvénients aussi. Les gens ne t’aiment pas, ils ne voient que le côté bestial et brutal de papa. Ok je ne fais pas grand-chose pour qu’on m’aime non plus… même quand bien même, creuser derrière la carapace ça ne coute rien à personne. A ce jour tu fais partie des rares qui s’y sont essayé ou qui s’y essayent encore. Mais je comprends pour ton secret. Tu avais des impératifs, aujourd’hui tu es libre de choisir ton destin et ta voix, contrairement à nombre d’enfants des dieux, moi incluse !

Je lui jetais un regard un bien. J’imaginais assez facilement la difficulté que ça avait dû lui causer de garder le secret alors que tout le monde lui demandait d’où elle venait, qui elle était et pourquoi disparaissait-elle comme ça du jour au lendemain. Je savais que bon nombre de demi-dieux lui en tenait rigueur pour avoir mené un double jeu  au vu et su de tous et des toutes. Mais je faisais partie des rares qui se fichaient éperdument de savoir le pourquoi du comment, c’était comme ça et pas autrement, un jour ou l’autre elle devrait choisir son camp et à mes yeux j’espérais qu’elle choisirait celui dans lequel je serais car elle serait, en plus d’être une … amie, un atout non négligeable ! J’adorais me battre contre elle, tout comme j’aimais me battre avec Lucas qui avait une fine escrime. Tous deux étaient de valeureux adversaires, bon évidemment ils me mettaient quelques fois dans la panade mais je réussissais toujours à m’en sortir. Ils me rendaient plus forte, meilleure, me forçaient à ne rien lâcher et mon perfectionnisme faisait le reste. Je sais que grâce à eux j’avais réussi à solutionner quelques petits défauts qui auraient pu me couter un bras ou une cuisse lors d’un combat réel. Et puis ils étaient endurant tous les deux et il n’y avait rien de mieux que combattre durant de longues heures. C’était pour ça que je les appréciais au fond de moi, Shade plus que Lucas, mais tout de même.

- Bon et si tu me faisais visiter ton petit monde. C’est bien j’ai vu l’autre truc-là qui m’a déposséder de mes armes alors autant que je visite cette ville dans le camp militaire romain. Je dois t’avouer qu’elle me sidère un peu  et m’étonne beaucoup !

Je lui servis un grand sourire franc plein de malice et mes yeux pétillaient d’impatience. J’étais très curieuse enfant, moins étant adultes et car je me focalisais sur des tas d’autres choses mais maintenant que je n’étais plus chez moi, j’avais envie d’en apprendre plus sur ce camp qui longtemps nous étaient resté inconnu.

BY .TITANIUMWAY

La remarque arracha un sourire à Shade qui leva les yeux au ciel. Sombre, un peu effrayante à ses heures, mystérieuse, spéciale? Si c'était ça, le stéréotype des enfants des Enfers... Ouais, elle y collait assez, mais ne faisait pas trop exprès quoi. Si elle tapait un brin de causette à des décédés de temps en temps, c'était par habitude. À Chester, personne ne lui adressait franchement la parole, sauf les fantômes qui semblaient savoir qu'elle les voyait. Amityville? Pareil. À l'école, personne ne tenait forcément à discuter avec la fille de l'illuminée qui voyait ses trucs mythologiques partout. Ça ne la dérangeait pas outre mesure. Elle les méprisait. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à critiquer maman? C'était juste qu'ils seraient aussi d'aussi bonnes mamans qu'elle. D'accord, elle débloquait à moitié. Mais dans ses bons moments, Caelhán était une bonne mère. Elle riait et plaisantait en racontant à sa fille des histoires au hasard. Et elle ne méritait pas de finir comme elle a fini. Shade n'avait jamais tenté d'invoquer son âme, peut-être par peur de troubler un repos que sa mère avait cherché si longtemps en vain. Elle essaierait un jour...lorsqu'elle s'en sentirait prête. Parce que pour l'instant, elle ne se sentait pas d'attaque pour revoir sa génitrice, aussi peu prête qu'onze ans plus tôt, devant le cercueil drapé de noir.

Elle laissa échapper une petite toux sceptique. Des stéréotypes collaient à tous les enfants de dieu en fonction de leur parent divin. Et pour Arès, c'était bel et bien la violence et la force brute. Quelquefois comme un atout. D'autres pour nuire. Aurora se débouillait bien pour maîtriser ce domaine, elle savait se contrôler et rester calme. Saif avec ce pouvoir de rage instantanée, justement. Ça ne devait pas être facile tous les jours. Il y avait constamment des effets secondaires. Comme elle l'avait malheureusement constaté en ébranlant la terre à chacune de ses colères, incapables de maintenir son pouvoir en bride, ou bien de voir les trucs vivants se racornir et se dessécher dans son sillage lorsqu'une émotion négative trop violente la prenait. Super, quoi. Mais on finissait par s'y faire. Pas le choix, de toute façon.

Le fait même qu'elle ait creusé derrière la carapace d'Aurora était spécial pour elle. Ce n'était pas pour rien qu'elle évitait de trop s'attacher aux gens. Par peur d'être blessée en les perdant. Lorsqu'on tient trop à quelqu'un, on en devient aveugle, et elle détestait vraiment cette sensation de ne plus exactement contrôler la façon dont elle agissait. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle chérissait tant sa liberté. Et son indépendance, valeur qui la tenait proche des deux camps sans s'attacher définitivement à un. Le collier de perles ou le tatouage SPQR, très peu pour elle. Elle se convenait très bien comme ça! Mais elle ne se fichait pas du monde au point de ne pas s'impliquer dans les négociations. Quoi qu'elle fasse, les dieux étaient son sang. Et le sang appelle le sang, n'est-ce pas? Et vu les catastrophes naturelles du monde entier, là, ce n'était pas juste le petit confort des Olympiens qui était en jeu, mais la planète toute entière.

Mais l'avantage d'avoir mené sa petite affaire seule si longtemps, c'était connaître les camps peut-être mieux que quiconque pour le moment. Même si elle ne restait jamais longtemps et disparaissait facilement sans prévenir, tout le monde savait qu'elle finirait par revenir, plus ou moins mal en point, pour rester un peu et repartir aussi sec. Alors faire visiter la Nouvelle-Rome à Aurora allait être assez amusant, probablement! On avait beau dire ce qu'on voulait, cette ville était une perle d'architecture d'inspiration antique (vous avez vu, on dirait une fille de Min...Athéna, sérieusement...). Mêlant autant formes de l'Antiquité et modernité. E, tout cas, il y avait de quoi voir.

Nouvelle-Rome ou bâtiments de la légion en premier? La jeune femme ne se posa pas trente-six mille questions et entraîna son amie vers l'intérieur de la ville. Elles dépassèrent rapidement les faubourgs avant que la brune désigne successivement un vaste bâtiment aux marches de perron en marbre, un autre qui ressemblait à un temple à colonnades et la silhouette d'une colline qu'on pouvait vaguement distinguer un peu plus loin, surmontée de bâtiments aux silhouettes majestueuses.

"À tes ordres, très chère! Là, la principa. Siège des préteurs, actuellement Derek et Colleen, et également du Sénat. J'y assiste parfois, quand je suis de passage, en tant qu'émissaire de Pluton, mais mon opinion ne compte pas dans les votes. "

Autant elle n'avait rien contre le préteur, son homologue féminin, bien que fille de Jupiter, ne lui inspirait pas confiance. Peut-être que la haine cordiale qu'elle entretenait vis-à-vis du petit copain de celle-ci entrait un peu en jeu quand même. Mais la Praetoria était censée être un poste occupé par deux personnes égale s or la blonde paraissait effacer de plus en plus le fils de Mars. Bref. Elle y réfléchirait seule plus tard. Elle poursuivit donc:

"Un peu plus loin, les thermes. Sérieusement, tu n'as jamais connu le soulagement pas possible de sortir d'une course-poursuite entre deux empousas et toi et de prendre un bain à la romaine. Le truc qui, après le chocolat, se rapproche le plus du paradis. "

Ça, après un bon entraînement, c'était juste la chose qu'elle voulait le plus au monde. Ce n'était pas pour rien que les anciens de la légion affirmaient aux nouveaux que tant qu'ils n'avaient pas connu les thermes de Rome, ce n'était pas la vraie vie qu'ils avaient connu, et elle leur donnait assez souvent raison. Elle pointa finalement du doigt la colline:

"Et là-bas, la Colline aux Temples. Les deux plus grand sont ceux de Jupiter Optimus Maximus - très modeste, comme tu peux le constater - et celui de ton père, version romaine. Mars Ultor. Qui est...disons un peu plus athénisé ici que chez vous. Tu veux aller quelque part en particulier? On peut s'enfoncer plus dans les espaces résidentiels, sinon. Mais c'est plus peuplé. "